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D’après l’article L.2212-2,1° du code général des collectivités territoriales, l’éclairage public fait partie intégrante des pouvoirs de police du maire même si cette compétence est transférée au syndicat d’énergies. Une commune peut réduire l’amplitude horaire d’éclairement des voies ou de leurs abords.

Afin de poursuivre son action vers la transition écologique, la mairie de Saint-Sulpice-sur-Lèze met en place l’extinction de l’éclairage public de la commune, de 00h00 à 5h00 du matin, à partir du 30 juin 2022.

Cette action, en plus de préserver la biodiversité, a pour but de réduire l’impact économique, écologique et sur la santé.

Plusieurs enquêtes ont été menées et ont pu révéler que suite au pic de croissance de la pollution lumineuse ces dernières années, de nombreuses conséquences sur notre environnement sont à observer.

Plus de la moitié des mammifères, invertébrés, amphibiens et insectes ont besoin d’obscurité et sont impactés par les nuisances lumineuses.

Les insectes

Après deux ans de fonctionnement, un point d’éclairage élimine la quasi-totalité des insectes nocturnes dans un périmètre de 200m ce qui fait de la lumière la 2ème cause d’extinction des insectes, après les pesticides.

Les mammifères

De nombreuses espèces sont repoussées par l’éclairage ou se retrouvent en compétition alimentaire autour des lampadaires qui attirent les insectes, ce qui entraîne des exclusions et la disparition localisée de certaines espèces.

La chauve-souris est le mammifère le plus touché par ce phénomène.

Les oiseaux

La lumière nuit aux oiseaux migrateurs qui voient leur trajectoire être déviée ce qui entraîne des collisions avec des obstacles. Ce changement de route peut également épuiser les oiseaux migrateurs qui peuvent rapidement manquer d’énergie.
Cependant, pour certains oiseaux, la lumière est un avantage notamment dans leur recherche de nourriture ou leur rythme biologique de reproduction. Ce qui va conduire à une surpopulation des espèces qui peut devenir nuisible pour l’homme, bruit avant le lever du soleil qui peuvent dérégler le sommeil ou des fientes impactant les passants et les véhicules garés sous leur refuge.

La végétation

La végétation, qui a besoin d’une alternance jour/nuit pour le bon fonctionnement de son métabolisme et développement, est également touchée. En les exposant en pleine lumière sans interruption 24h/24h , nous dérèglons les cycles et les conséquences peuvent être les suivantes :

  • trouble de la floraison,
  • bourgeonnement précoce,
  • retard de chutes des feuilles.

Ce qui accroît alors sa vulnérabilité et réduit sa durée de vie.

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La santé humaine

Tout comme la faune et la flore, l’alternance jour/nuit est essentielle pour l’homme qui, dans la grande majorité des cas, nécessite d’être actif le jour et se reposer la nuit pour respecter son rythme biologique. Grâce à son horloge interne, l’homme sécrète de la mélatonine, l’hormone régulant d’autres hormones, le système immunitaire ou encore la protection des cellules.

Cette sécrétion débute en moyenne 2-3 heures avant l’heure du coucher, c’est le prélude du sommeil, phase responsable d’une sensation de fatigue et de froid, elle s’élève ensuite durant la nuit entre 1 heure et 5 heures et redevient plus basse, 2-3 heures après le réveil.

La lumière permanente vient interférer à ce cycle et peut provoquer des troubles du sommeil entraînant diverses pathologies : dépression, cancer, prise de poids.

  • hausse du taux de dépression, étude de la chercheuse Tracy Berdrosian, de l’université d’Etat de l’Ohio, en 2012 (publication dans la revue Molecular Psychiatry),
  • prise de poids, étude du Dr Cathy Wyse, de l’institut de science biologique et environnementale de l’université d’Aberdeen au RoyaumeUni, en 2012 (publication dans la revue BioEssays),
  • risque accru de cancers (notamment cancer du sein), chercheurs de l’Inserm, dont le médecin Pascal Guénel, en 2010 (publication dans International Journal of Cancer ). Cette même année, le centre international de recherche contre le cancer (Circ), dépendant de l’OMS, classait le travail de nuit ou même le travail en horaires décalés comme « probablement cancérigène ».

Outre les effets néfastes sur la santé et la biodiversité, l’éclairage public fonctionne 4100 heures par an sur une commune. L’extinction nocturne de 00h00 à 5h00 ramène ce chiffre à 1910 heures, soit une économie de 53% sur la dépense liée à l’éclairage public de la commune mais aussi et surtout une économie sur l’impact écologique.

Les ressources énergétiques

L’électricité utilisée pour les éclairages publics est principalement produite à partir de sources nucléaires (uranium) et d’énergies fossiles (charbon, gaz, fioul), des ressources non renouvelables qu’il est indispensable d’économiser.

L’éclairage public en France, constitué de plus de 9,5 millions de lampes, représente une consommation annuelle d’environ 5,6 milliards de kWh, soit l’équivalent de la consommation électrique moyenne de 2 millions de ménages français (hors chauffage et eau chaude sanitaire).

L’utilisation de ces énergies a aussi un impact sur l’environnement avec des émissions de CO2 et dérèglements climatiques liés, la production de déchets radioactifs dangereux ou encore les marées noires.

La sécurité

L’extinction a également un impact sur la sécurité. De nombreuses études montrent que, sur la route, les automobilistes ont tendance à lever le pied de l’accélérateur lorsque l’éclairage est éteint et deviennent alors plus prudents et attentifs.

Parmi les retours des communes qui ont mis en place l’extinction de l’éclairage public, les rassemblements sociaux à vocation agressive, les rassemblements à destination destructrice des biens mobiliers de la commune et le tapage nocturne ont cessé.

En effet, ces regroupements sont plus propices à se dérouler dans des lieux éclairés.

Selon les chiffres disponibles de l’Observatoire national de la délinquance et des ripostes pénales (ONDRP) et d’études universitaires spécialisées en prévention-sécurité, près de 80 % des vols, agressions et cambriolages ont lieu en plein jour.

Lorsque l’éclairage est éteint, les incivilités et accidents de la route sont donc moins fréquents.

Sources :
https://grand-est.ademe.fr/sites/default/files/guide-contre-pollution-lumineuse-collectivites.pdfhttps://www.lagazettedescommunes.com/558804/eclairage-public-et-insecurite-a-lepreuve-des-faits/